mercredi 16 mai 2007

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Hier j´ai découvert que les allées de ce temple secret, menènt parfois à des petits espaces extérieurs taillés au milieu des enormes murs de pierre. Ces "trous" sont si profondement ancrés dans les entrailles de la pierre que les rayons du soleil n´y pénètrent que quand l´astre se trouve au zénith. Néanmoins, celui que j´ai découvert hier était d´une étrange beauté car la masse rocheuse servait de tremplin à une chute d´eau si limpide que j´ai pu assouvir ma soif de ce précieux liquide, glacé il y a quelque secondes seulement, juste tombé du ciel andin.

Une fois me reposant là-bas - je n´avais pas vu les rayons du soleil depuis longtemps - j´ai songé à la Belgique, à Bruxelles, à mon enfance et, surtout, à Edgar Allan Poe, l´âme la plus gigantesque, lumineuse, sensible et intelligente que j´aie eu opportunité de rencontrer; que ce soit au travers de ses livres n´est pas un hasard mais la façon la plus subtile que les hommes aient créée por pouvoir transcendre le temps.

Poe, j´en suis sure, c´est le seul homme, être humain, vivant ou mort, qui me comprend totalement car je sens que je le comprends ainsi. Je me souviens avec frissons du jour où j´ai découvert une traduction de "La Chute de la Maison Usher" de Baudelaire cachée parmi les tonnes de livres que ma vieille maison, de style art-nouveau typiquement ixellois, gardait dans son intérieur. C´est paradoxale mais, plutôt que dans l´ambiance caractéristiquement sombre et glauque des étangs d´Ixelles (en face de chez moi) durant l´année, c´était au cours d´un été; quand la brise semble venir fraiche des lueurs argentées de la lune. Oui, j´ai lu et relu "La Chute...", et "Manuscrit trouvé dans une bouteille", et "Bérénice" et "William Wilson"... ces quatre bijoux qui avaient resté endormis durant douze ans de ma vie. J´ouvrais les yeux à nouveau à la vie, à la lumière, gothique lumière mais lumière enfin, je m´éveillais au monde des symboles avec une émotion indescriptible, comme un enfant qui trouve un univers nouveau dans sa cachette. Me promenant tous les jours à l´heure du crépuscule autour des étangs, des vieux arbres et des fausses ruines, avec le bouquin entre mains et l´univers de l´âme la plus fantastique qui ait existé dans l´esprit, je sentais que je n´était plus seule dans le monde, que je ne serais plus jamais seule...

Oui, un des mes premiers souvenirs était une parodie du Corbeau dans Les Simpsons, je pensais que c´était un souvenir rempli d´erreur et qu´un truc semblable n´existait pas hors de ma tête. Oui, j´en était excitée déjà a cette époque là, quand j´étais une petite gamine. Ma mère, après que j´aie redécouvert le poète américan, m´a raconté que j´avais été toujours attirée par son esprit lugubre et morbide.

Si seulement j´avais une de ces nouvelles devant mes yeux... Je me rappelle d´une phrase, phrase restée dans mon coeur comme une plaie de lumière et d´intelligence: "... il y a une mer où le navire lui-même grossit comme le corps vivant d´un marin". Avec cette idée en tête je me suis endormie à la chaleur de la peau callieuse de mon chèr squonk.

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